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Selon une étude de l’INSERM en date du 11 octobre 2021, depuis sa légalisation et son autorisation de mise sur le marché en France et en Europe, le cannabidiol (CBD) n’arrête pas de démontrer ses effets de bien-être et ses résultats dans plusieurs cas de maladie.
Les points de vente du CBD thérapeuthique se multiplient et les produits se diversifient selon les besoins de chacun: tisanes préparées pour lutter contre l’insomnie, des huiles à ingérer contre l’anxiété et fleurs séchées de cannabis à fumer ou vaporise, De nombreux produits très variés sont disponibles sur le marché.
La France vient de lancer une expérimentation relative au cannabis à usage médical, et la demande des produits à base de CBD ne cesse de se confirmer, que dit la science à ce sujet?.
Que démontrent les données scientifiques publiées ? Le CBD peut-il être utile pour le bien-être en général, dans le traitement de troubles variés, des douleurs chroniques, les problèmes de sommeil ou encore de santé mentale ?

Au vue de l’intérêt croissant des consommateurs pour ces questions, Canal Détox s’est intéressé aux effets du CBD sur certains troubles ayant fait l’objet de recherches.

CBD, THC :

Le cannabis est une plante originaire des régions équatoriales qui comptent plusieurs espèces. Celles consommées pour leurs propriétés psychotropes, sont issues de la famille Cannabis Sativa et près de 500 composés de la plante sont connus, dont une soixantaine de cannabinoïdes.
Le principal composé psychoactif du cannabis est le cannabinoïde tétrahydrocannabinol (ce que l’on appelle THC). Le cannabidiol (CBD) est aussi présent en grande quantité dans la plante, et n’est pas
réglementairement classé comme psychotrope. Cela expliquerait l’effet « apaisant » mis en avant par
les commerçants, sur les personnes atteintes d’anxiété, d’insomnie mais aussi de douleurs chroniques.

Depuis une décennie, l’intérêt des scientifiques pour le CBD s’agrandit, et la plupart des données
disponibles à ce jour proviennent de la reconnaissance par les scientifiques que le CBD pourrait agir sur de nombreuses cibles biologiques dans l’organisme.

Épilepsie sévère chez l’enfant

C’est un documentaire de la chaîne CNN qui a mis en exergue le CBD pour la première fois en 2013.
L’histoire de Charlotte, une fillette atteinte du syndrome de Dravet, une rare forme d’épilepsie. Face aux centaines de crises dont elle souffrait chaque semaine, ses parents ont adopté une solution alternative : une huile de cannabis particulièrement riche en CBD.
Aujourd’hui, la consommation de cannabis à titre thérapeutique est autorisée dans de nombreux pays, le seul traitement pharmacologique à base de CBD ayant été rigoureusement testé dans des essais cliniques aux États-Unis et ayant reçu une autorisation de la FDA est l’Epidiolex, indiqué dans le
traitement des crises d’épilepsie pédiatrique.

En France, la HAS s’est prononcée en faveur de son remboursement uniquement lorsqu’il est prescrit
dans le cadre des crises d’épilepsie associées au syndrome Dravet ou de Lennox-Gastaut chez
les personnes âgées de plus de deux ans et sous surveillance médicale.
Douleurs chroniques, anxiété… des troubles variés mais peu de données
En dehors de l’épilepsie, le CBD est utilisé en automédication pour toute une série de troubles. C’est la crise des opioïdes aux États-Unis et en Europe qui a suscité de nouveau l’intérêt pour cette molécule. En raison de l’ampleur de la crise, des chercheurs ont travaillé pour identifier des solutions alternatives et soulager les patients atteints de douleurs chroniques. Dans ce contexte, le cannabis thérapeutique a été présenté comme le traitement potentiellement efficace et non addictif, et le CBD, a particulièrement été mis en avant.

Mais le CBD est aussi régulièrement utilisé par de nombreux individus pour réduire le stress et l’anxiété, pour aider les patients en oncologie à mieux supporter la chimiothérapie ou encore pour aider les personnes qui souffrent de troubles du sommeil.

Pour confirmer la diversité des troubles pour lesquels le CBD est utilisé par les consommateurs, une
étude parue dans JAMA Open Network en 2020 qui s’est intéressée aux raisons le plus fréquemment
citées par ceux qui en prennent en automédication.
Plus de 300 témoignages ont ainsi été étudiés et analysés. Résultat : plus de 63 % considérés dans
l’étude confirmaient un usage du CBD pour soulager des symptômes liés à l’anxiété, la dépression ou
des troubles du spectre autistique. Plus de 26 % d’entre eux l’utilisaient pour lutter contre des douleurs orthopédiques et près de 15 % pour améliorer le sommeil.
Contrairement à l’épilepsie, il n’ya pas encore d’essais rigoureux comparant le CBD à un placebo dans
de larges échantillons de patients.

La plupart des études menées dans le champ médical s’intéressent au « cannabis thérapeutique » Il est donc parfois difficile de déterminer quels effets peuvent réellement être attribués au CBD. Il faudra donc quelques années avant que des essais ne permettent de démontrer son utilité clinique dans la gestion de la douleur et des maladies psychiatriques.
On peut également souligner que la prise de ces produits augmente le risque de positivité à un contrôle routier du fait de la présence systématique de THC, surtout en cas de d’usage régulier.

CBD : Quel impact sur la santé ?

Les ventes de produits CBD se multiplient, mettant en avant des vertus « bien-être ». Mais la Science
reste prudente sur les éventuels effets thérapeutiques du cannabidiol, en attendant des études plus
approfondies.

Substituer le THC par du CBD ?

Chez la souris, une méta-analyse réalisée en 2019 par des équipes françaises de l’Inserm semble
indiquer que l’usage du CBD induit une diminution de la consommation d’alcool et une très légère
réduction des lésions au foie. Reste à voir si ces effets sont transposables chez l’humain. Benjamin
Rolland, du centre hospitalier du Vinatier, à Lyon, va lancer l’étude Caramel, un premier essai clinique
sur le traitement de l’alcoolodépendance par CBD, au deuxième semestre 2023. En parallèle, Clémence.
Casanova, post-doctorante au Sesstim, travaille sur l’acceptabilité d’un tel traitement.
Côté addiction au cannabis, l’usage du seul CBD, sans THC, peut-il être une bonne substitution ?
Contrairement au THC, le CBD ne provoque en effet pas de dépendance. Une étude menée par Tangui
Barré sur 1 500 personnes a montré que 11 % d’entre elles utilisaient le CBD pour diminuer leur
consommation de cannabis, avec succès dans plus de la moitié des cas.
Le CBD pourrait permettre de réduire l’usage de cannabis. Mais impossible de substituer brutalement et complètement en cas de dépendance, car le CBD ne se fixe pas sur les mêmes récepteurs que le THC dans le système endocannabinoïde, détaille Bruno Revol, du centre d’addictovigilance de Grenoble. Il se fixe par contre sur le récepteur sérotoninergique 5‐HT1A, donc nous pouvons en attendre un effet anxiolytique, qui pourrait atténuer les symptômes de manque. Il n’est pas dénué d’intérêt », poursuit-il. Un effet prévisible mais qui reste encore à démontrer. Ce n’est pas parce qu’une molécule s’accroche à un récepteur qu’il en découle un effet thérapeutique

Plus d’interdiction autour du CBD

Un seul médicament au cannabidiol est pour l’instant autorisé en France, l’Epidyolex. Il est réservé au traitement de crises d’épilepsie associées au syndrome de Lennox Gastaut et au syndrome de Dravet.
Bien que le mécanisme d’action précis du CBD comme anticonvulsivant ne soit pas connu, il semble
réduire l’hyperexcitabilité des neurones.
Cette unique indication thérapeutique du cannabidiol n’empêche pas le marché de se développer largement. Comme le rappelle Nicolas Authier, auteur du Petit livre du CBD : « La France est le premier producteur de chanvre en Europe, et le marché des extraits de chanvre, hors fleurs, y représente 700 millions d’euros. » Fin 2022, le Conseil d’État a levé la dernière interdiction concernant le cannabidiol, en annulant le décret qui empêchait la vente de fleurs et de feuilles ayant un taux de THC inférieur à 0,3 %.

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